L’encadrement des étudiant•es au doctorat à distance : l’importance d’instaurer un milieu de recherche stimulant

Article

Kumar, S., Pollard, R., Johnson, M. et Ağaçlı-Doğan, N. (2021). Online research group supervision: Structure, support and community. Innovations in Education and Teaching International. 58(6), 647-658. https://doi.org/10.1080/14703297.2021.1991430

Résumé

Comme tout•e étudiant•e inscrit•e à la formation à distance, la personne étudiant au doctorat doit faire face à des contraintes inhérentes au contexte d’apprentissage en ligne. Le manque d’interactions avec les pairs renforce un sentiment d’isolement qui peut considérablement mettre en péril le succès du projet doctoral. En s’appuyant sur les expériences d’encadrement vécues par douze étudiant•es poursuivant un doctorat à distance (en phase de rédaction de la thèse), dans un programme de technologie éducative d’une université aux États-Unis, les auteurs de l’étude soulignent le rôle crucial joué par les directions de recherche (supervisors) dans l’optimisation du parcours, par l'organisation, sur une base régulière et fréquente, d’activités de recherche favorisant les interactions de groupe et dyadiques (étudiant•e-direction).

Pour être efficaces, les activités de groupe étaient organisées et structurées autour d’un ordre du jour ou d’un protocole de discussion. Durant ces périodes d’échanges en ligne, les étudiant•es étaient invités à commenter mutuellement leurs progrès, à partager des idées de recherches initiales ou encore des conseils sur l’utilisation d’outils méthodologiques. Même si ces rencontres étaient optionnelles, les étudiant•es tenaient à ne pas les manquer. Ils prenaient le temps de s’y préparer pour contribuer adéquatement aux discussions et pour bénéficier de la richesse des échanges. Les interactions dyadiques permettaient quant à elles, de clarifier les attentes mutuelles et de restructurer l’avancement du travail de recherche et d’écriture.

Les étudiant•es sondés ont tous souligné les retombées positives des interactions de groupe et dyadiques sur leur motivation grâce au fort sentiment d’appartenance à la communauté étudiante et aux liens de confiance qui se sont développés avec leurs pairs. Les commentaires fournis par les pairs étudiant•es et les directions de recherche ont favorisé la progression de la rédaction. Ils ont également tous souligné avoir pu poursuivre leur parcours avec une plus grande assurance grâce à la disponibilité et au support tant émotionnel, intellectuel et professionnel de leur direction et des conseils qu’ils obtenaient de leur part sur le travail de recherche. Les étudiant•es ont unanimement loué leur bienveillance et leur souci de s’investir dans leur réussite à travers la communauté d’échanges créée pour assurer leur encadrement et en fin de compte, le succès de leur projet doctoral.

Appréciation et utilisation potentielle

De par sa durée et sa complexité, l’expérience doctorale s’avère  exigeante. Les défis qui la caractérisent semblent exacerbés dans un contexte de formation à distance où les interactions entre pairs sont moins spontanées qu’en présentiel. L’étude choisie nous a paru intéressante puisqu’elle met en lumière l’importance d’assurer un encadrement de qualité au doctorat comme facteur-clé de son succès. Ceci peut se traduire par la mise en place d’un milieu de recherche stimulant qui permet l’émergence d’un soutien tant affectif qu’intellectuel. Par-dessus tout, cette contribution souligne l’importance du rôle que peuvent jouer les directions de recherche. 

L’étude nous amène à nous interroger sur l’identification même de la ressource qui accompagne la personne doctorante et sur les particularités de son rôle : est-ce que ce rôle est seulement dévolu à la direction de recherche ? Quels types d’encadrement peuvent être offerts? Quelles sont les responsabilités et les attentes rattachées à l’encadrement d’un•e doctorant•e à distance? Quelles compétences sont nécessaires ? 

La littérature convient qu’il n’existe pas de standards universels pouvant caractériser un encadrement de qualité au troisième cycle. À notre sens, les établissements universitaires offrant des programmes de doctorat à distance et soucieux d'accroître le taux de diplomation gagneraient à poursuivre une réflexion tant praxéologique qu’andragogique pour améliorer en continu les pratiques d’encadrement. Ainsi, selon les modalités de formation offertes par l’établissement (à distance, en présentiel), il serait opportun d’identifier l’ensemble des personnes-ressources qui auront à accompagner les doctorant•es et de clarifier leur rôle en réponse à leurs besoins.

Notice biographique

Image par l'auteurNaïma Tebourbi est détentrice d’une maîtrise en Formation à distance et œuvre au service de l’éducation depuis plus d’une dizaine d’années. Elle a été chargée de cours et a également participé à plusieurs projets de recherche menés par le Laboratoire en Informatique Cognitive et Environnement de Formation (LICEF) et par le département de l’École des sciences de l’administration de l’Université TÉLUQ. Depuis 2015, elle agit à titre de spécialiste en sciences de l’éducation au service technopédagogique de l’Université TÉLUQ. Elle se consacre à la conception pédagogique de cours en ligne et s’intéresse principalement aux différents supports à l’apprentissage qu’il est possible de mettre à profit afin de faciliter les études à distance dans l’enseignement supérieur.