Vers un instrument en français pour mesurer l’engagement cognitif des étudiants

Article

Leduc, D., Kozanitis, A. et Lepage, I. (2018). L’engagement cognitif en contexte postsecondaire : traduction, adaptation et validation d’une échelle de mesure. Revue des sciences de l’éducation de McGill, 53(3), 454-477. Récupéré de https://mje.mcgill.ca/article/view/9483

Résumé 

Cet article présente les résultats d’une étude visant à traduire, adapter et valider le questionnaire auto-rapporté Cognitive Engagement Scale de Miller, Greene, Montalvo, Ravindra et Nichols (1996) portant sur l’engagement cognitif des étudiants. Les auteurs de la traduction et de l’adaptation du questionnaire de Miller et coll. s’intéressent à la dimension cognitive de l’engagement puisqu’elle « demeure nettement moins explorée, notamment en contexte postsecondaire » (p. 455) et est déterminante pour l’apprentissage des étudiants.

La définition de l’engagement cognitif retenue par Miller et coll. (1996) et sur laquelle s’appuient les auteurs du présent article réfère aux dimensions suivantes : les stratégies d’apprentissage utilisées par les étudiants, qu’il s’agisse d’apprentissages en surface ou en profondeur, les habiletés d’autorégulation et les efforts déployés par les étudiants pour atteindre leurs objectifs d’étude. L’échelle de Miller et coll. (1996) a été adaptée par l’ajout de la dimension portant sur l’engagement situationnel, suivant la recommandation d’un expert consulté. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé quatre items tirés d’un questionnaire de Rotgans et Schmidt (2011) qui s’appuient sur le concept de flow.

La validation francophone du questionnaire a été réalisée auprès de 647 étudiants de niveau collégial et universitaire. La méthode proposée par Vallerand (1989) a été retenue par les chercheurs pour la traduction, l’adaptation et la validation du questionnaire. Les auteurs concluent l’article en soutenant que l’instrument obtenu au terme de cette démarche présente des qualités métrologiques satisfaisantes, mais aurait avantage à être validé auprès d’un échantillon plus diversifié sur le plan des programmes d’études et des données sociodémographiques.

Appréciation et utilisation potentielle

En s’appuyant sur Sinatra et coll. (2015), Leduc, Kozanitis et Lepage (2018) rappellent que l’« engagement cognitif est un élément clé dans le processus d’apprentissage, en ce sens que les étudiants doivent être engagés cognitivement pour apprendre » (p. 472). Ce qui nous paraît porteur dans cet écrit, c’est que les auteurs établissent clairement le parallèle entre l’engagement des étudiants et l’environnement d’apprentissage mis en place par les enseignants. D’ailleurs, les chercheurs indiquent que le choix du questionnaire qui a été traduit et adapté s’inscrit dans un programme de recherche plus large qui vise à analyser l’impact des choix didactiques sur l’engagement cognitif des étudiants. Nous suivrons leurs travaux avec attention.

Dans la discussion, Leduc, Kozanitis et Lepage (2018) mettent en exergue l’utilité de l’instrument obtenu au terme de leur recherche. Ils voient en effet une utilité certaine du questionnaire autant en recherche qu’en enseignement. Pour la pratique, ce questionnaire, administré pré et post intervention, pourrait entre autres permettre aux enseignants d’obtenir certaines informations sur l’effet de leurs choix didactiques sur l’engagement cognitif de leurs étudiants. Cela nous paraît une avenue très intéressante puisqu’il peut s’avérer complexe d’établir un lien entre les modalités pédagogiques et la réussite ou la motivation des étudiants.

Enfin, l’article illustre leur démarche de traduction, d’adaptation et de validation du questionnaire, ce qui présente un intérêt pour ceux qui souhaitent entreprendre une démarche similaire en contexte de recherche.

Références

Miller, R. B., Greene, B. A., Montalvo, G. P., Ravindran, B. et Nichols, J. D. (1996). Engagement in academic work: The role of learning goals, future consequences, pleasing others and perceived ability. Contemporary Educational Psychology, 21, 388-422.

Rotgans, J. et Schmidt, H. (2011). Cognitive engagement in the problem-based learning classroom. Advances in Health Science Education, 16(4), 465-479.

Sinatra, G. M., Heddy, B. C. et Lombardi, D. (2015). The challenges of defining and measuring student engagement. Educational Psychologist, 50(1), 1-13.

Vallerand, R. J. (1989). Vers une méthodologie de validation transculturelle de questionnaires psychologiques : implications pour la recherche en langue française. Psychologie canadienne, 30(4), 662-689.

Notice biographique

Notice-bio_C.LeblancAprès plusieurs années d’enseignement, Céline Leblanc a entrepris une carrière de conseillère pédagogique en technologie éducative à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) où elle travaille depuis 2008. Dans le cadre de ses fonctions, elle s’intéresse particulièrement à la pédagogie en enseignement supérieur en présentiel. Entre autres, elle coordonne le programme de mentorat entre enseignants et les activités pédagogiques et technopédagogiques offertes à l’UQTR, elle collabore à la communauté de pratique en pédagogie universitaire ainsi qu’à la formation des nouveaux professeurs et des nouveaux chargés de cours de son établissement. Elle est membre du GRIIP depuis 2008 et elle participe aux Lectures choisies, au comité éditorial du Tableau, au comité des Webinaires du GRIIP et a contribué au développement des modules d’autoformation « Enseigner à l’université ».