Article
Gokool-Baurhoo, N. et Asghar, A. (2019). « I can’t tell you what the learning difficulty is » : Barriers experiences by college science instructors in teaching and supporting students with learning disabilities. Teaching and Teacher Education, 79, 17-27. https://doi.org/10.1016/j.tate.2018.11.016
Résumé
L’étude présentée dans cet article porte sur les obstacles identifiés par les enseignants de sciences, de technologies, d’ingénierie et de mathématiques au postsecondaire dans l’enseignement aux étudiants ayant des difficultés d’apprentissage. S’appuyant sur les travaux d’Ertmer (1999), Gokool-Baurhoo et Asghar (2019) ont analysé les résultats en les classifiant selon les obstacles de premier ordre, externes aux enseignants, et les obstacles de second ordre, internes aux enseignants, incluant leurs croyances pédagogiques.
Pour cette étude, les données ont été recueillies à l’aide d’entrevues semi-dirigées auprès de 18 enseignants de sciences d’un cégep anglophone du Québec. Des enseignants de biologie, chimie et physique ont répondu à l’appel. Les chercheurs indiquent que trois thèmes généraux découlent de leurs résultats d’analyse. Le premier thème représente un obstacle de second ordre et concerne le manque de connaissances et d’habiletés des enseignants par rapport à l’enseignement aux étudiants ayant des difficultés d’apprentissage. Cette barrière est fortement liée aux deux autres obstacles soulevés, qui sont plutôt de premier ordre : un manque de soutien accordé aux enseignants et une certaine difficulté à entrer en relation avec les étudiants ayant des difficultés d’apprentissage en raison, entre autres choses, d’une attitude négative de ces étudiants envers les sciences.
En ce qui a trait au manque de soutien, les enseignants interrogés ont soulevé une méconnaissance des problématiques vécues par leurs étudiants, ce qui freine leur capacité à les accompagner de façon personnalisée. L’absence de formation initiale en pédagogie ou en enseignement aux étudiants en difficultés ainsi que le manque d’occasion de poursuivre efficacement leur développement professionnel en différenciation pédagogique sont également évoqués par les participants.
Appréciation et utilisation potentielle
L’étude menée par Gokool-Baurhoo et Asghar (2019) met en lumière l’idée que ce qui fait obstacle à l’accompagnement des étudiants ayant des difficultés d’apprentissage en sciences n’est pas un manque d’intérêt des enseignants, mais davantage un manque de connaissances et d’habiletés en différenciation pédagogique ou en pratiques inclusives. Les établissements d’enseignement supérieur réfléchissent et mettent en place des actions pour favoriser la réussite des étudiants, incluant ceux en situation de handicap, les étudiants étrangers ou ceux qui éprouvent des difficultés d’apprentissage.
L’intérêt de l’article est qu’il permet d’orienter les formations à offrir aux enseignants pour assurer leur développement professionnel. Il s’avère, du moins pour les enseignants interrogés ici, qu’il y a un besoin d’accompagnement et de formation en lien avec la présence d’étudiants qui présentent des difficultés d’apprentissage autant en ce qui a trait aux difficultés vécues par ces derniers qu’aux stratégies à mettre en place par les enseignants. Les chercheurs proposent certains éléments de contenu à considérer pour les formations à mettre en place, par exemple les difficultés rencontrées par les étudiants dans leurs lectures de manuels de sciences, lors de la résolution de problèmes mathématiques, quand ils doivent générer des hypothèses. Les chercheurs suggèrent également que les enseignants de sciences aient accès à des formations à propos des problèmes psychologiques que vivent ces étudiants en lien avec leurs difficultés d’apprentissage.
Référence
Ertmer, P. A. (1999). Addressing first-and-second-order barriers to change: Strategies for technology integration. Educational Technology Research and Development, 47(4), 47-61.
Notice biographique
Après plusieurs années d’enseignement, Céline Leblanc a entrepris une carrière de conseillère pédagogique en technologie éducative à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) où elle travaille depuis 2008. Dans le cadre de ses fonctions, elle s’intéresse particulièrement à la pédagogie en enseignement supérieur en présentiel. Entre autres, elle coordonne le programme de mentorat entre enseignants et les activités pédagogiques et technopédagogiques offertes à l’UQTR, elle collabore à la communauté de pratique en pédagogie universitaire ainsi qu’à la formation des nouveaux professeurs et des nouveaux chargés de cours de son établissement. Elle est membre du GRIIP depuis 2008 et elle participe aux Lectures choisies, au comité éditorial du Tableau, au comité des Webinaires du GRIIP et a contribué au développement des modules d’autoformation « Enseigner à l’université ».