Les communautés de pratique : effets positifs, obstacles et défis

Article

Demers, G. et Tremblay, D.-G. (2020). Les communautés de pratique (CdP) comme nouvelles modalités d’apprentissage : enjeux et défis. Enjeux et société. Approches transdisciplinaires,7(2), 217–244. https://doi.org/10.7202/1073366ar

Résumé

L’article de Demers et Tremblay (2020) s’intéresse au fonctionnement des communautés de pratique (CdP) mises en place en milieu universitaire pour favoriser l’apprentissage de leurs membres. Les auteures cherchent à comprendre les facteurs et les bonnes pratiques de gestion qui (dé)favorisent les CdP et les apprentissages qui s’y opèrent. Elles ont mené une analyse comparée de deux communautés de pratiques afin d’y observer les avantages, mais aussi les enjeux qui limitent le potentiel d’apprentissage de leurs membres.

Le cadre théorique et la recension des écrits s’appuient sur trois aspects principaux :

  1. un travail de définition des CdP et une typologie de leurs différentes formes et caractéristiques structurantes;
  2. les facteurs de succès et les contraintes des CdP;
  3. la gestion des connaissances dans les CdP.

Suivant une méthode qualitative, les auteures ont réalisé 18 entrevues auprès des membres de deux CdP. Ces entretiens ont permis de collecter des données sur les caractéristiques des organisations et des membres des CdP, le contexte de création et le fonctionnement des CdP, les pratiques de gestion, les obstacles et les leviers du fonctionnement de ces CdP.

Des effets positifs

Les résultats montrent que les deux CdP ont eu des effets positifs à trois niveaux interdépendants :

  1. en matière d’apprentissage ou d’acquisition de nouvelles connaissances - par exemple, le fait d’identifier informellement les nouvelles connaissances, plutôt que la direction intervienne dans ce processus;
  2. sur le plan relationnel - les CdP favorisent les échanges entre ses membres et augmentent ainsi leur capital relationnel;  
  3. sur le plan des bonnes pratiques en transfert de connaissances - des réflexes et une culture de partage des informations se développent entre les membres des CdP, pour s’étendre ensuite au-delà, auprès des personnes externes.

Le rôle de valorisation et de soutien des gestionnaires est un levier déterminant pour le bon fonctionnement des CdP et le transfert de connaissances qui s’y déploie.

Des obstacles et défis

Plusieurs obstacles majeurs au déploiement de ces CdP ont cependant été observés. Le premier renvoie à des éléments propres à l’organisation interne des CdP (planification des activités, discussions peu efficaces, archivage des connaissances produites en cas de changement ou retraite des membres, répartition problématique des tâches et des responsabilités, etc.). Un autre obstacle réside dans le manque de ressources (notamment temporelles) allouée au fonctionnement des CdP. Enfin, un contexte hautement hiérarchisé, la faible culture collaborative ainsi que la reconnaissance et la valorisation limitées de ces espaces collectifs au sein des universités s’avèrent problématiques.

Les défis relatifs au bon fonctionnement des CdP sont alors de deux ordres : organisationnels (moyens et reconnaissance) et relationnels (créer des liens malgré la distance, favoriser l’interconnaissance).

Des recommandations

Enfin, les auteures proposent en conclusion plusieurs bonnes pratiques de gestion, qui agissent comme des leviers pour le bon fonctionnement et l’adhésion des membres aux CdP :

  • l’homogénéité de la communauté dans sa composition,
  • la clarté et la concision du mandat et des objectifs,
  • la définition et la distinction claire de normes et de rôles,
  • la mise en place de systèmes d’évaluation, de récompense ou de valorisation de la communauté.

Appréciation et utilisation potentielle

Cet article est particulièrement utile pour toutes les personnes, notamment les gestionnaires, souhaitant développer et/ou accroître la performance des CdP au sein de leur université en identifiant, au regard de la littérature, les bonnes pratiques de gestion qui permettent de surmonter les nombreux défis et enjeux liés à cette modalité d’apprentissage.

Les auteures soulignent d’ailleurs l’importance d’étudier le fonctionnement des CdP dans d’autres milieux que celui de l’éducation qui a été jusqu’à présent le point de mire des recherches sur le sujet. Elles ont d’ailleurs développé des outils méthodologiques qui pourraient contribuer à la collecte de données au sein d’autres CdP.

À noter que l’article présente les résultats d’une recherche menée en 2016. Il serait donc pertinent de compléter ce regard depuis les évolutions récentes et accélérées en matière de travail à distance. Les nouveaux outils de travail à distance (logiciels et applications de collaboration comme Teams, Mural, Zoom, etc.), largement utilisés aujourd’hui, peuvent en effet devenir des outils particulièrement pertinents en matière de gestion des CdP.

Notice biographique

Alexandre GingrasAlexandre Gingras est scénariste pédagogique à l’École Nationale d’Administration Publique (ENAP) depuis 2019.  Il détient une maîtrise en communication profil recherche-création de l’UQAM et a auparavant travaillé dans le secteur du journalisme et de l’audiovisuel, notamment en lien avec plusieurs centres de recherche. À l’ENAP, il participe à la planification et à l'organisation des activités du Bureau des technologies éducatives. Il est plus particulièrement responsable de la conception et de la production de matériel technopédagogique nécessaire à la formation hybride et à distance des étudiants de deuxième et troisième cycles. Passionné par les nouvelles technologies et les médias, il s’intéresse aux façons dont elles peuvent faciliter les apprentissages universitaires et le transfert de connaissances.

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