Les activités épistémiques dans des discussions asynchrones

Article

Zenios, M. (2011). Epistemic activities and collaborative learning: towards an analytical model for studying knowledge construction in networked learning settings. Journal of Computer Assisted Learning, 27(3), 259–268. https://doi.org/10.1111/j.1365-2729.2010.00394.x

Résumé

Epistemic fluency is about being active and participating fully in collaborative activities with others that have a shared interest in the task […].
- Maria Zenios, 2010

Le présent résumé porte sur l’article Epistemic activities and collaborative learning: towards an analytical model for studying knowledge construction in networked learning settings de Maria Zenios¹.

L’auteure propose un modèle d’analyse qualitative des activités liées à la construction de savoir (activités épistémiques) dans le cadre de discussions en ligne d’étudiants universitaires. Bien qu’éloignés géographiquement, ces étudiants peuvent néanmoins parfaire leurs connaissances en échangeant sur des sujets précis soumis par le biais d’un forum.

Maria Zenios tente notamment de répondre aux questions suivantes : Quels types de réponses sont de nature épistémiques? Est-il possible d’analyser la construction collaborative des connaissances dans des discussions en ligne?

Zenios indique que les recherches effectuées jusqu’à maintenant sur les discussions collaboratives en ligne étaient davantage de nature quantitative. L’auteure tente par conséquent d’analyser les discussions asynchrones effectuées dans un forum en ligne de façon qualitative, à la lumière de la taxonomie épistémique d’Ohlsson (1995)². Cette taxonomie regroupe les sept activités suivantes (traduction libre) : décrire, expliquer, prédire, argumenter, critiquer/évaluer, démontrer/expliciter, définir.

Méthodologie

Une cohorte de 13 étudiants à temps partiel d’un programme de doctorat en technologie de l’information, puis 2 personnes tutrices.
Collecte de données à partir de discussions asynchrones en ligne sur une période de 10 mois. Les discussions sont initiées par des questions précises posées par les personnes tutrices (des points de participation sont donnés aux étudiants).
Sont également analysées dans cette collecte des entrevues réalisées avec 7 des participants.

Constats de l’étude

Parmi les 16 fils de discussions créés par les participants, la plupart d’entre eux ont présenté des échanges épistémiques. Prenant en exemple une discussion dans laquelle les étudiants ont participé activement, Zenios montre l’occurrence de diverses activités épistémiques comme critiquer, questionner, expliciter, argumenter, relancer/défier, évaluer et définir. Ces activités diffèrent en partie du modèle d’Ohlsson.

À force d’analyser les échanges autour des fils de discussions, l’auteure suggère d’enrichir le modèle d’Ohlsson en ajoutant les six activités suivantes : « raisonner », « négocier », « comparer », « explorer », « clarifier le sens des mots », « proposer de nouvelles avenues ». Toutes ces activités ont fait partie des échanges en ligne des étudiants dans le cadre de cette étude.

Concepts évoqués dans l’article

  • Epistemic fluency : aisance épistémique
  • Epistemic activity : activité épistémique
  • Epistemic game : joute épistémique
  • Epistemic form : forme épistémique
  • Conceptual artifact : artéfact conceptuel

Extrait d’une discussion en ligne rapportée dans l’article :

« […] You make me think about what the characteristics of the members CoP should be and then I realized how relevant Aristotle’s idea of the rhetorical appeals [pathos, logos, ethos] is to a CoP, [i.e. pathos involves using language that will stir the felling of the CoP. If you misuse pathos…] In my mind the term learning community bears a very broad meaning and the notion of CoP is its sub-group. Just some thoughts. Do you agree? (Posted 5 November) » (p. 264). 

Appréciation et utilisation potentielle

Pour certains, il appert que les échanges entre pairs dans les cours suivis en ligne ou à distance sont superficiels, mais Zenios semble démontrer ici que ces échanges peuvent être fructueux d’un point de vue épistémique. Il s’agit toutefois d’une étude effectuée auprès d’une seule cohorte. De plus amples recherches permettraient de corroborer et de raffiner la taxonomie épistémique avancée dans cet article.
Tout comme des groupes de collègues d’études se forment  naturellement ou non sur campus afin d’échanger sur le contenu de leurs cours, les discussions étudiées ici ont bel et bien permis le développement – ou le questionnement – du savoir des doctorants. L’intérêt pour le sujet ou la tâche doit idéalement être au rendez-vous!

Notes

1. Zenios, M. (2011). Epistemic activities and collaborative learning: towards an analytical model for studying knowledge construction in networked learning settings. Journal of Computer Assisted Learning, 27(3), 259–268. https://doi.org/10.1111/j.1365-2729.2010.00394.x
2. Ohlsson, S. (1995). Learning to do and learning to understand: a lesson and a challenge for cognitive modelling. Learning in Humans and Machines: Towards An Interdisciplinary Learning Science (P. Reimann et H. Spada, éds). London: Pergamon, 37-62. 

Notice biographique

Sophie Beaupré est spécialiste en sciences de l’éducation à l’Université TÉLUQ. Elle cumule plus d’une quinzaine d’années d’expérience dans le milieu de l’éducation. En 2014, elle reçoit un certificat d’excellence de l’Université TÉLUQ pour ses résultats obtenus en technologie éducative. Elle est co-auteure du Guide de conception et d’utilisation du manuel numérique universitaire (PUQ, 2013). Elle a collaboré au développement de cours universitaires s’étant vu décerner un prix (Prix de la ministre pour « Stratégie d’entreprise », TÉLUQ, 2011) et une reconnaissance (mention de l’Infothèque de l’Agence universitaire de la Francophonie pour « Travail intellectuel en philosophie », UQAM, 2005). Elle participe aux Lectures choisies du site Pédagogie universitaire depuis 2015.