La santé mentale en enseignement à distance : une taxonomie des obstacles et des catalyseurs pour veiller au bien-être des étudiants et des étudiantes

Article

Lister, K., Seale, J. et Douce, C. (2021). Mental health in distance learning: a taxonomy of barriers and enablers to student mental wellbeing. Open Learning: The Journal Of open, Distance and e-learning.
https://doi.org/10.1080/02680513.2021.1899907

Résumé

L’étude choisie porte sur un sujet peu documenté dans un contexte d’enseignement à distance et probablement exacerbé par la situation pandémique que nous vivons actuellement : les facteurs qui influencent la santé mentale des étudiants et des étudiantes en formation à distance.
On s’entend communément pour reconnaître que les situations de stress et d’anxiété sont inhérentes à la réalité des études. Or, la littérature révèle que les étudiant·es aux prises avec des troubles de santé mentale sont davantage à risque de mettre précocement fin à leur projet de formation tenu à distance. C’est en ce sens, que les auteurs de l’article, sur la base des témoignages recueillis auprès d’un groupe de 16 étudiant·es et de cinq personnes tutrices de l’Open University (Royaume-Uni), ont dressé une taxonomie des facteurs pouvant être à l’origine des désarrois rencontrés lors des apprentissages à distance afin de les prévenir, mais aussi d’identifier les éléments (facilitateurs) qui s’avèrent favoriser le bien-être des étudiants et des étudiantes en formation à distance. Parmi les étudiant·es sondé·es : 15 ont officiellement déclaré présenter des troubles de santé mentale; un·e étudiant·e souffre de dépression et de graves troubles d’anxiété mais ne l’a pas formellement divulgué auprès de son université. L’expertise des personnes tutrices, qui comptent toutes plus de dix années d’expériences d’encadrement et qui sont intervenues auprès de plusieurs apprenants et apprenantes aux prises avec des troubles de santé mentale, aura aidé à identifier les éléments inhibiteurs et facilitateurs de la taxonomie. 

Parmi les barrières au bien-être identifiées par les étudiantes et les étudiants, il est notamment possible de retenir : 

  • Les processus administratifs décriés comme pénibles par la quantité de documents à remplir;  
  • Les frais de scolarité élevés;
  • Une lourde charge de travail; 
  • Le sentiment d’isolement inhérent au contexte de la formation à distance;
  • Des programmes d’études peu stimulants;
  • L’absence d’activités interactives dynamisantes et collaboratives; 
  • Des critères d’évaluations peu clairs; 
  • La crainte d’échouer aux examens en s’y étant mal préparé.

Parmi les éléments facilitant le bien-être, il est notamment possible de retenir :

  • La flexibilité dans le choix du rythme de travail;
  • La présence d’une structure clairement établie à l’intérieur des cours et basée sur une routine dans la présentation de la matière;
  • Le support affectif des personnes tutrices. 

 

Appréciation et utilisation potentielle

Il existe très peu de recherches qui se sont intéressées au sujet du bien-être dans le cadre des études à distance, la documentation existante étant davantage axée sur la formation en présentiel.
Dans le contexte pandémique actuel et au vu du nombre d’inscriptions aux études à distance qui connaît un essor fulgurant, la lecture choisie nous a paru intéressante dans son effort de mettre en lumière des pistes permettant de mieux comprendre et de prévenir les enjeux pouvant s’avérer nuire au bien-être des étudiants et des étudiantes et de porter un regard plus particulier sur les aspects pouvant au contraire le préserver. 
De façon générale, les établissements d’enseignement supérieur s’efforcent à trouver des solutions pour soutenir les étudiants qui rencontreraient des difficultés notamment d’ordre psychologique. Parmi les démarches entreprises, la présence des services d’aide aux étudiants en situation d’handicap ainsi que l'adoption des principes pédagogiques favorisant une démarche d’apprentissage inclusive semblent représenter des pistes prometteuses. 
Finalement, les établissements offrant de l’enseignement supérieur à distance gagneraient à garder un œil critique sur l’offre des programmes d’études qui doivent être attrayants pour susciter de l’intérêt auprès des étudiant·es. Ils gagneraient aussi à miser sur le rôle et la formation des personnes tutrices comme support bénéfique pour favoriser le bien-être des étudiants et des étudiantes et en bout de ligne leur motivation et leur volition à poursuivre à terme leurs études à distance. 
 

Notice biographique

Naima TebourbiNaïma Tebourbi est détentrice d’une Maîtrise en Éducation (M.A) et cumule plus d’une dizaine d’années dans le domaine de l’enseignement supérieur à distance. Elle a été chargée de cours et a également participé à plusieurs projets de recherche menés par le Laboratoire en Informatique Cognitive et Environnement de Formation (LICEF) et par le département de l’École des sciences de l’administration de l’Université TÉLUQ. Depuis 2015, elle agit à titre de spécialiste en sciences de l’éducation au service technopédagogique de l’Université TÉLUQ. Elle se consacre à la conception pédagogique de cours en ligne et s’intéresse principalement aux différents supports à l’apprentissage qu’il est possible de mettre à profit afin de faciliter les études à distance dans l’enseignement supérieur.