Article
Gingras-Lacroix, G. et Labra, O. (2021). Les pratiques enseignantes mises en œuvre en contexte de classe autochtone universitaire : analyse du discours du corps enseignant d’une université québécoise. Canadian Journal of Education /Revue canadienne de l'éducation, 44(4), 1051–1083.
https://doi.org/10.53967/cje-rce.v44i4.5043
Résumé
L’article de Gingras-Lacroix et Labra (2021) pose un regard analytique sur des pratiques d’enseignement rapportées par dix membres du corps enseignant de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) afin de favoriser la réussite éducative de la population étudiante autochtone. La recherche de type qualitative phénoménologique et les entrevues menées dans le cadre de l’étude présentée se sont déroulées sur une période de 12 mois entre octobre 2017 et octobre 2018.
Partant de la prémisse que le taux de diplomation universitaire de la population étudiante autochtone était bien en deçà de celui de la population canadienne en général (11 % versus 29 % selon Statistiques Canada (2016)), les auteurs ont émis comme hypothèse que cette faible diplomation pourrait résulter des méthodes pédagogiques habituellement utilisées dans les milieux universitaires. Ces dernières sont souvent non adaptées aux besoins de la population étudiante autochtone puisque résultant généralement d’un modèle d’éducation eurocentrique. Les objectifs spécifiques poursuivis par cette recherche étaient d’identifier : 1) les modèles et les méthodes pédagogiques utilisés en contexte de classe autochtone et, 2) les pratiques enseignantes déclarées visant à favoriser les apprentissages à caractère holistique chez les étudiant·es autochtones universitaires.
Les modèles et les méthodes pédagogiques utilisés :
Les principaux facteurs à l'origine du choix du modèle pédagogique par les participant·es sont les objectifs du cours, le mode du cours et le nombre d’étudiant·es. Les méthodes pédagogiques déclarées sont principalement le coenseignement, l'enseignement par projet, la pédagogie pédocentrée et la mise en situation. Par ailleurs, 90 % des personnes ayant participé à l’étude rapportent ne pas effectuer le choix des méthodes pédagogiques en fonction de la présence ou non d’une population étudiante autochtone, en proportion variée à l’intérieur de leurs cours.
Les pratiques enseignantes déclarées :
L’approche holistique, soit « la possibilité de se développer sur les plans physique, cognitif, émotionnel et spirituel » (Gingras-Lacroix, et Labra, 2021, p.1054) semble être une possibilité intéressante pour la moitié des personnes enseignantes participantes. En effet, afin de mieux l’intégrer dans leur enseignement, et ce, pour le bénéfice de tout le groupe, ces dernières disent qu’elles souhaitent être informées et formées sur cette approche amenant l’étudiant « à analyser, dans une perspective globale et une vision intégrée, les éléments du cours qui lui sont présentés, tout en lui accordant la possibilité d’analyser sa relation personnelle avec l’objet d’étude » (Gingras-Lacroix, G. et Labra, O., 2021, p. 1057).
De plus, les participant·es rapportent qu’ils n’hésitent (généralement) pas à interagir en adoptant une attitude d’écoute, à faire preuve de flexibilité, d’ouverture et de respect en plus d’adapter le contenu du cours aux réalités et au vécu de la population étudiante autochtone.
En conclusion, les résultats de cette recherche permettent d’observer que bien que des efforts soient effectués par les personnes enseignantes pour adapter leurs pratiques pédagogiques à la diversité étudiante, il reste encore bien du chemin à parcourir pour favoriser la réussite de toutes et tous et particulièrement, des personnes étudiantes autochtones.
Appréciation et utilisation potentielle
Cet article démontre, comme d'autres, qu’il est important de considérer la diversité étudiante de façon générale lors de la planification d’un cours, et ce, afin de prévoir des stratégies d’enseignement variées et répondant aux besoins du plus grand nombre. L’approche holistique nous semble être un modèle fort intéressant afin de favoriser un taux de diplomation plus élevé de la population étudiante autochtone aux études supérieures, en plus de favoriser la réussite de tous selon le principe de conception universelle.
Bien que la recherche ait été réalisée avec un petit échantillon, les dix personnes participantes avaient des caractéristiques différentes (chargé·es de cours, professeur·es, programmes d’attache), ce qui a permis d’avoir une vision assez large des pratiques enseignantes déployées.
L’article de Gingras-Lacroix et de Labra (2021 est un excellent début de réflexion qui nous permet d'entrevoir les retombées positives de l’approche holistique sur la population étudiante en général.
Notice biographique
Marie-Christine Dion est détentrice d’une maîtrise en éducation portant sur les représentations sociales d'enseignants de niveau postsecondaire quant à la présence de la clientèle émergente (2013). Elle occupe des fonctions de chargée de cours et de superviseure de stage en adaptation scolaire et sociale depuis 2010 et est conseillère pédagogique en technologies éducatives à l’Université du Québec à Chicoutimi depuis 2018. Dans le cadre de ses fonctions, elle s’intéresse plus particulièrement aux stratégies pédagogiques favorisant la réussite de la diversité étudiante.
Stéphanie Collard cumule près d’une quinzaine d’années dans le milieu de l’éducation, autant comme enseignante en mathématiques au secondaire et au cégep que comme conseillère pédagogique au cégep et à l’université. Elle est présentement conseillère pédagogique en technologies éducatives à l’Université du Québec à Chicoutimi et s’intéresse tout particulièrement à l’évaluation des apprentissages et à l’approche par compétences dans les études postsecondaires.