Conseils pour la constitution de communautés d’apprentissage en ligne

Article

Yuan, J. et Kim, C. (2014). Guidelines for facilitating the development of learning communities in online courses. Journal of Computer Assisted Learning, 30(3), 220-232. https://doi.org/10.1111/jcal.12042

Résumé

The critical element of a learning community is a sense of community, which is the feeling that group members matter and that one’s needs are satisfied through the collective effort of the group […].
- J. Yuan & C. Kim, 2014

Ce résumé porte sur un article de Jiangmei Yuan et ChanMin Kim paru en 2014: Guidelines for facilitating the development of learning communities in online courses.

Les auteurs de cet article regroupent les principaux résultats d’études empiriques et conceptuelles sur la constitution de communautés d’apprentissage en ligne. À cet égard, ils font des regroupements de données en fonction des questions orientant la pratique : le quand, le qui, le où et le comment (le pourquoi traverse chaque regroupement). Ils en arrivent à formuler six conseils.

Méthodologie

Revue de littérature portant sur les façons de constituer des communautés d’apprentissage en ligne. Effectuée à partir des thèmes suivants : la formation de communautés en ligne, la pédagogie en ligne et l’utilisation d’outils numériques en lien avec l’interaction sociale, les stratégies facilitant la discussion et le développement de communautés.

71 textes identifiés, 45 retenus pour la rédaction des conseils en raison de leur pertinence (des stratégies spécifiques ainsi que des données sur le quand, le qui, le où et le comment constituer une communauté d’apprentissage en ligne).

2 études conceptuelles et 43 études empiriques avec groupes contrôle et expérimental

Le premier conseil (quand)

Constituer une communauté dès le début du cours jusqu’à sa fin. Il est possible de faire lire aux étudiants – avant même qu’ils ne s’engagent dans le groupe – un texte sur l’importance des communautés d’apprentissage, sur les difficultés qui peuvent être rencontrées, les défis et les solutions possibles, ainsi que sur le potentiel diversifié des préférences de chacun à l’intérieur de la communauté. Une séance en présentiel au début de la session, lorsque les conditions le permettent, semble fructueux.

Le deuxième conseil (qui)

Les formateurs, tout comme les étudiants, devraient être impliqués dans la communauté. Les résultats d’études montrent qu’une présence sociale* combinée à une présence d’enseignement* engendrerait un plus grand nombre d’échanges impliquant des processus cognitifs de haut niveau. Les habiletés suivantes chez tous les membres du groupe, formateurs comme étudiants, sont particulièrement porteuses de présence sociale : l’aptitude à la collaboration, aux relations interpersonnelles harmonieuses, à utiliser les technologies, à répondre aux messages de façon immédiate, à rédiger un message d’une longueur appropriée. De plus, la taille du groupe est un aspect sur lequel il est important de porter attention.

Concepts évoqués dans l’article (traduction libre)

  • Présence sociale (social presence) : degré de sentiment d’être en présence d’autres personnes (Biocca, Harms & Burgoon, 2003)
  • Présence d’enseignement (teaching presence) : soutien aux processus cognitifs et sociaux afin de réaliser des apprentissages personnellement signifiants et dignes d’intérêt d’un point de vue éducatif par la scénarisation, la facilitation et la direction de la part d’un enseignant (Anderson, Rourke, Garrison & Archer, 2001, p. 5)

Extraits de l’article rapportant quelques études :

“Students hope that online instructors will provide clear project instructions and assessment rubrics (Whipp & Lorentz, 2009), outline a timeline for group projects, monitor project progress to see whether a group is on track, check to see whether groups are encountering collaboration problems, ask students to submit individual work samples (Koh et al., 2010), and help with group formation (Koh & Hill, 2009).” (p. 229).
“When learners interact with others in a learning community, they receive support from their peers (Ferguson, 2010), observe their peers’ actions and integrate new ideas into their existing knowledge base.” (p. 222).

Le troisième conseil (où)

Utiliser à la fois les outils numériques synchrones et asynchrones. Les outils synchrones (salle de classe virtuelle [ex. Adobe Connect], conférence vidéo [ex. Skype], etc.) peuvent mener à des résultats positifs lorsqu’utilisés notamment pour motiver les étudiants à avancer au même rythme que leurs pairs, accroître leur sentiment d’appartenance et fournir une rétroaction rapide. Les outils asynchrones (environnement numérique d’apprentissage [ex. Moodle], réseaux sociaux [ex. Facebook], micro-blogues [ex. Twitter], espace de travail collaboratif [ex. wikis], etc.) peuvent être utilisés pour discuter de sujets relatifs au cours, poser des questions, recevoir des rappels, former des groupes d’étude, etc. Les utilisations des outils synchrones et celles des asynchrones ne sont pas mutuellement exclusives.

Le quatrième conseil (comment)

Utiliser diverses stratégies pour stimuler la discussion. Un formateur peut notamment accroître sa présence en encourageant les étudiants à participer aux discussions, en reconnaissant les contributions de chacun et en résumant les discussions. Assigner des rôles aux étudiants, amener des sujets provoquant des débats, inviter des experts à faire une présentation ou à être présents dans une discussion, ou encore soumettre des études de cas sont des façons de faire assurant le succès de la communauté.

Le cinquième conseil (comment)

Encourager les échanges portant sur le contenu et ceux liés aux interactions sociales. Les interactions sociales aident le groupe à atteindre une certaine cohésion. Dans une étude, on a constaté que les étudiants ayant reçu des encouragements et un soutien émotionnel ont eu de meilleurs résultats que ceux qui ont reçu une rétroaction uniquement en lien avec le contenu du cours. Sur le plan des interactions sociales, les étudiants et la personne responsable de la formation peuvent se saluer, échanger des expériences et sentiments, se rassurer ou s’encourager, etc.

Le sixième conseil (comment)

Soumettre des travaux qui exigent la collaboration. Des travaux d’équipes peuvent être demandés aux étudiants. Les consignes de l’enseignant doivent cependant être claires et le suivi, très étroit. Aider les étudiants à former leurs groupes, s’informer s’ils éprouvent des difficultés en cours de route, puis exiger des échantillons de travaux par chacun des membres sont des gages d’une plus grande réussite pour l’apprentissage en équipe. Toutefois, l’enseignant doit être en mesure de cerner les étudiants qui préfèrent travailler seuls et fournir des travaux pouvant être réalisés individuellement.

Appréciation et utilisation potentielle

La formation de communautés d’apprentissage en ligne constitue un défi. La façon de solidifier ces communautés peut notamment résider dans l’application des orientations ou suggestions données ci-dessus. Toutefois, il importe de souligner, comme l’ont fait les auteurs de l’article, que de plus amples expérimentations doivent être menées afin de raffiner les résultats en fonction de besoins plus spécifiques des formateurs et des étudiants. Aussi, des recherches doivent être menées afin de savoir si les conseils ci-dessus ont une incidence sur la présence cognitive des étudiants, celle-ci étant entendue comme le degré potentiel de développement et de validation de son savoir dans une communauté d’apprentissage1.

Références

Anderson, T. Rourke, L., Garrison, D.R. et Archer, W. (2001). Assessing teaching presence in a computer conferencing context. The Journal of Asynchronous Learning Networks, 5, 1-17.

Biocca, F. Harms, C. et Burgoon, J.K. (2003). Toward a more robust theory and measure of social presence: Review and suggested criteria. Presence: Teleoperators and Virtual Environments, 12, 456-480. https://doi.org/10.1162/10547460332276127

Yuan, J. et Kim, C. (2014). Guidelines for facilitating the development of learning communities in online courses. Journal of Computer Assisted Learning, 30(3), 220-232. https://doi.org/10.1111/jcal.12042

Note

1. “Cognitive presence refers to the degree to which learners could build and confirm knowledge in a community of inquiry”. Garrison, D.R., Anderson, T. et Archer, W. (1999). Critical inquiry in a text-based environment : Computer conferencing in higher education. The Internet and Higher Education, 2, 87-105. https://doi.org/10.1016/S1096-7516(00)00016-6

Notice biographique

Sophie Beaupré est spécialiste en sciences de l’éducation à l’Université TÉLUQ. Elle cumule plus d’une quinzaine d’années d’expérience dans le milieu de l’éducation. En 2014, elle reçoit un certificat d’excellence de l’Université TÉLUQ pour ses résultats obtenus en technologie éducative. Elle est co-auteure du Guide de conception et d’utilisation du manuel numérique universitaire (PUQ, 2013). Elle a collaboré au développement de cours universitaires s’étant vu décerner un prix (Prix de la ministre pour « Stratégie d’entreprise », TÉLUQ, 2011) et une reconnaissance (mention de l’Infothèque de l’Agence universitaire de la Francophonie pour « Travail intellectuel en philosophie », UQAM, 2005). Elle participe aux Lectures choisies du site Pédagogie universitaire depuis 2015.