L’arrivée aux cycles supérieurs représente un grand défi pour de nombreux étudiants. Plusieurs se sentent désorientés et perdent leurs repères.
Dans ce 2e bulletin, un aperçu des défis vécus par les étudiants est présenté. Ensuite, quelques idées pour guider les étudiants dans leur processus de socialisation sont proposées.
Mise en situation
Avant de commencer sa maîtrise en éducation, Justin avait l’ambition de faire avancer les connaissances. Il se voyait publier de nombreux articles scientifiques en tant que premier auteur et chambouler les pratiques des enseignants dans les classes.
Son directeur, M. Lemieux, a pris le temps de lui expliquer les objectifs de la maîtrise dès son arrivée. Justin comprend qu’il doit se familiariser avec le monde de la recherche et les différents processus qui permettent d’être en mesure de produire une recherche de qualité. Avant même de commencer sa recherche, ils s’étaient également entendus sur la fréquence et les modalités de leurs rencontres.
Le processus est plus difficile que ce à quoi Justin s’attendait. Cependant, il a la chance d’avoir un encadrement lui permettant de vivre différentes expériences. Dès sa deuxième session, M. Lemieux l’a encouragé à participer à un colloque dans son domaine et à y présenter une affiche de sa recherche. Cette expérience lui a permis de rencontrer de nombreux chercheurs et d’échanger avec eux sur son projet de recherche.
La famille et les amis proches de Justin comprennent plus ou moins la démarche et les activités qu’il a entreprises. Son directeur lui a proposé de participer à des rencontres entre étudiants de deuxième et de troisième cycles. En échangeant avec les autres étudiants, il se rend compte qu’il n’est pas le seul à vivre des difficultés. De plus, les étudiants partagent entre eux ce qu’ils ont appris en ce domaine de même que les moyens qu’ils ont développé pour mieux réussir dans leurs activités de recherche.
Pourquoi?
CINQ RAISONS POUR FAVORISER LA SOCIALISATION À LA RECHERCHE
- Plusieurs étudiants des cycles supérieurs vivent un sentiment d’isolement qui peut compromettre leur réussite, tout particulièrement en phase de rédaction.
- Dû à leur méconnaissance du métier de chercheur, les étudiants ont souvent des objectifs et des attentes irréalistes.
- Les activités liées au métier de chercheur, comme la publication, peuvent nettement améliorer les chances de réussite des étudiants.
- Le directeur exerce un rôle clé pour ce qui est de l’insertion de l’étudiant dans le milieu de la recherche.
- Les liens avec le milieu de la recherche permettent à l'étudiant de mieux comprendre la pratique de la recherche et les enjeux liés à son domaine et à son sujet de recherche
Quoi?
DES ÉLÉMENTS INSPIRANTS
L’intégration de l’étudiant à la recherche, qu’est-ce que ça signifie?
C’est permettre à l’étudiant de comprendre et d’intégrer les caractéristiques propres au métier de chercheur. Selon Skakni (2010), cette socialisation favorise :
- la construction de sens et de significations partagées par les pairs du domaine d’études;
- le développement de compétences personnelles;
- la familiarisation avec l’histoire, les mythes, les coutumes et les rituels de la discipline;
- l’appropriation des valeurs, des normes et des principes propres à la recherche;
- l’intégration du langage commun et le réinvestissement dans les productions intellectuelles.
Les conditions de socialisation favorisant la satisfaction et la persévérance des étudiants :
- la participation à des colloques et des congrès;
- la contribution à des publications : articles, notes de recherche, recensions d’écrits, comptes rendus de lecture;
- le financement par l'engagement dans des activités de recherche liées spécifiquement à son domaine ou son projet de recherche;
- la discussion et l’échange avec le directeur de recherche
Ce que nous dit la recherche
La réussite des étudiants est favorisée lorsque le professeur met à profit son propre réseau pour amener l'étudiant à...
Référence
Skakni, I. (2010). Socialisation disciplinaire et persistance aux études doctorales : pourquoi 50% des doctorants abandonnent-ils? Affiche présentée dans le cadre de l’ACFAS.
Pour en savoir plus
- Bégin, C. (1997). « Soutien et aide aux études avancées : programme d'intervention. » Dans L. Langevin et L. Villeneuve, L'encadrement des étudiants. Un défi du XXIe siècle (pp. 336-349). Montréal : Les Éditions Logiques.
- Royer, C. (1998). Vers un modèle de direction de recherche doctorale en Sciences humaines. Sainte-Foy : Presses de l’Université du Québec.
- Vous trouverez certains documents pertinents sur le site Web de l’Université de Sherbrooke :
- « Le doctorat en question », étude de la CSNC-FEUQ sur la formation doctorale.
- Consultez le Portail du soutien à l’enseignement et à l’apprentissage de l’Université du Québec pour d’autres ressources sur ce thème.
D'autres questions à explorer
- Comment délimiter les responsabilités du directeur de recherche par rapport à celles de l’étudiant?
- Comment planifier le travail de direction pour soutenir suffisamment l’étudiant sans être débordé?
- Quelles sont les ressources à présenter à l’étudiant pour favoriser son autonomie?
- Quelles sont les compétences transversales que l’étudiant de 2e ou de 3e cycle doit développer?
Notice biographique
Christian Bégin est professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Mentions de responsabilité
Cette capsule est une production de la Direction des bibliothèques et du soutien à l’enseignement et l’apprentissage (DBSEA) en collaboration avec le Groupe d’intervention et d’innovation pédagogique (GRIIP)
Comité éditorial : François Guillemette, Céline Leblanc, Line Cormier et Lucie Charbonneau
Coordination : Lucie Charbonneau
Rédaction : Christian Bégin et Lucie Charbonneau
Collaboration : Sophie Duchaine
Graphisme : Direction des communications
Correction : Isabelle Brochu, Sylviane Tremblay et Dominique Légaré
Comment?
DES FAÇONS D’ENCADRER LES ÉTUDIANTS DANS LEUR PROCESSUS DE SOCIALISATION À LA RECHERCHE
Au début de la démarche :
Pendant la démarche :
Finalement…
Encadrer un étudiant dans son processus de socialisation à la recherche, c’est lui permettre non seulement d’acquérir des connaissances académiques mais également de lui faire connaître ce qu’est le métier de chercheur. C’est aussi l’amener à s’autonomiser dans ses démarches et l’aider à donner un sens à son projet d’études.