Comment communiquer avec les étudiants de manière à soutenir leurs apprentissages et leur motivation? Comment les aider à progresser tout en préservant leur estime? Dans ce numéro du bulletin Le Tableau, Claude Boucher offre quelques pistes pour formuler des rétroactions efficaces pour l'amélioration de l'apprentissage des étudiants.
Mise en situation
Lorsqu’elle était étudiante à l’université, Nicole se souvient d’un professeur qui l’a particulièrement marquée par la quantité, mais surtout la qualité des commentaires qu’il formulait sur les travaux en les évaluant. Elle a nettement l’impression que ces rétroactions lui ont permis d’apprendre davantage et d’améliorer ses résultats.
Maintenant qu’elle enseigne à l’université à son tour, Nicole se préoccupe de différents aspects concernant la rétroaction : Comment proposer une rétroaction constructive qui aide les étudiants à améliorer leurs travaux et à reconnaître leurs forces? De quelle façon rédiger et présenter la rétroaction afin qu’elle soit compréhensible et applicable directement par les étudiants? La rétroaction pourraitelle être une occasion d’amener les étudiants à devenir plus autonomes? Comment s’assurer que la rétroaction motive les étudiants, et non l’inverse?
Nicole fait quelques recherches avant de procéder à l’évaluation des travaux de session de ses étudiants. Certains auteurs parlent de « feedforward » au lieu de feedback (Walker, 2013) : un concept qu’elle trouve intéressant. Au fil de ses lectures, elle réalise qu’il est important de donner de la rétroaction en se basant explicitement sur les critères d’évaluation prédéfinis et de fournir celle-ci le plus rapidement possible. Elle a compris qu’il est essentiel de souligner les forces et les réussites, de fournir des pistes d’amélioration dans la perspective de corriger les erreurs et non de les souligner, de préciser des pistes concrètes (pas seulement « c’est bien » ou « ça pourrait être mieux »), de ne pas évaluer la personne, mais les travaux. Elle est également sensibilisée à l’importance du choix des mots à utiliser puisque ceux-ci peuvent facilement démotiver les étudiants, notamment ceux qui éprouvent des difficultés. Elle doit également veiller à éviter les comparaisons normatives, soit de comparer les travaux des étudiants entre eux.
Pourquoi?
CINQ RAISONS DE SE PRÉOCCUPER DE LA RÉTROACTION
- D’abord un acte de communication, la rétroaction peut également être une opportunité de dialogue entre l’enseignant et l’étudiant, puisque lorsqu’elle est bien faite, elle encourage la réciprocité et l’établissement d’une collaboration enseignant-étudiant.
- Une rétroaction bien faite permet de soutenir l’apprentissage, améliore les performances ultérieures et développe l’autonomie chez les apprenants.
- Elle peut contribuer au développement de la perception positive de ses compétences ou au sentiment d’autoefficacité (Bandura, 1982), ainsi qu’à la motivation scolaire.
- Elle améliore l’adéquation entre les attentes de l’enseignant et le produit rendu par l’étudiant.
- Au regard des rétroactions émises aux étudiants, elle permet à l’enseignant de réguler et d’ajuster son enseignement.
Quoi?
UNE MANIÈRE DE DÉFINIR LA RÉTROACTION
(Lambert, Rossier et Daele, 2009)
De façon générale, la rétroaction se définit comme une information que l’enseignant fournit à l’étudiant à propos de la réalisation des tâches d’apprentissage. Cette rétroaction peut être réalisée dans un contexte formel ou informel ainsi qu’à différents moments du processus d’apprentissage. La rétroaction devient un soutien à l’apprentissage et permet à l’étudiant de progresser ou d’aller de l’avant (feedforward), lorsqu’elle :
- Donne l’occasion à l’étudiant de prendre du recul par rapport à un travail et qu’elle vise à l’améliorer.
- Aide à préparer une évaluation finale ou sommative.
- Fournit des clés à l’étudiant pour progresser par la suite de façon plus autonome
Ce que nous dit la recherche
CARACTÉRISTIQUES D’UNE RÉTROACTION EFFICACE
Références
Berthiaume, D. et Rege Colet, N. (éd.), (2013). La pédagogie de l’enseignement supérieur : repères théoriques et applications pratiques. Tome 1 : Enseigner au supérieur. Berne, Suisse, Peter Lang, Éditions scientifiques internationales.
Lambert, M., Rossier, A. et Daele, A. (2009). Le feedback aux étudiant-e-s.
Rodet, J. (2004). La rétroaction, support d’apprentissage?
Pour en savoir plus
- Bryan, C. et Clegg, K. (éd.), (2006). Innovative Assessment in Higher Education. New York, Routledge.
- Daele, A. Blogue sur la pédagogie universitaire : Enseigner et apprendre en enseignement supérieur
- Svinicki, M. et MacKeachie, W. (2011). McKeachie’s Teaching Tips. Thirteenth Edition. Belmont : Wadsworth, Cengage Learning.
- Le chapitre 9 du volume porte sur la rétroaction.
D'autres questions à explorer
- Comment favoriser l’appropriation et la réutilisation de la rétroaction chez l’apprenant?
- Quelles sont les autres possibilités d’offrir de la rétroaction de qualité tout en contrant son effet chronophage?
Notice biographique
Claude Boucher est conseillère pédagogique soutien à l’enseignement depuis 2008 et elle est également chargée de cours en sciences de l’éducation (évaluation des apprentissages) à l’UQAT.
Mentions de responsabilité
Cette capsule est une production de la Direction du soutien aux études et des bibliothèques (DSEB) en collaboration avec le Groupe d’intervention et d’innovation pédagogique (GRIIP)
Comité éditorial : François Guillemette, Céline Leblanc, Caroline Lessard, Marie-Michèle Lemieux et Lucie Charbonneau
Coordination : Lucie Charbonneau
Rédaction : Claude Boucher
Correction : Isabelle Brochu et Dominique Papin
Comment?
UNE CLASSIFICATION DU TYPE DE CONTENU DES RÉTROACTIONS SELON LA NATURE ET LE STYLE DE COMMENTAIRES, PROPOSÉE PAR RODET (2004)
Le contenu de type cognitif
Il donne des suggestions pour corriger les erreurs conceptuelles, apporte des précisions, développe des arguments, souligne la justesse des propos ou la nuance. La rétroaction porte très fréquemment sur ce type de contenu et est généralement associée à la note attribuée.
Quelques exemples :
Le contenu de type méthodologique
Cet aspect concerne les façons de faire, les méthodes de travail utilisées pour accomplir la tâche, la situation d’apprentissage ou le travail à remettre. Ces propos sont particulièrement pertinents en début de formation ou de parcours d’apprentissage. Selon Rodet (2004), les éléments qui permettent de mettre en relief la structuration du propos, tels les tableaux et les cartes sémantiques font également partie de la catégorie méthodologique.
Quelques exemples :
Le contenu de type métacognitif
Ce type de rétroaction porte sur les différentes stratégies mises en place afin de réaliser la tâche à accomplir, ainsi que sur la capacité de l’apprenant à s’autoévaluer.
Quelques exemples :
Personnalisation de la rétroaction et contenu de type affectif
La rétroaction est d’abord un acte de communication et joue un rôle affectif non négligeable chez l’apprenant. Dès lors, plus l’évaluateur sera en mesure d’adapter son message aux caractéristiques de l’étudiant, mieux ce message sera reçu et utile. Un apprenant n’est jamais insensible à ce que l’on pense de son travail. Il est donc important d’accorder une attention particulière aux termes et au ton de la rétroaction; on doit rester dans le positif et dans les suggestions constructives.
Un exemple :
Style de commentaire
De plus, le style de commentaire a également une incidence sur la portée de la rétroaction :
Finalement, formuler une rétroaction en tenant compte des objectifs et des critères ciblés, par des commentaires positifs et constructifs portant sur les forces et les défis à relever, tout en proposant des pistes d’amélioration, c’est possible! Et cela contribue à améliorer les apprentissages.