Mettre l’acte d’apprendre des adultes au coeur des préoccupations pédagogiques

Article

Carré, P. (2015). De l’apprentissage à la formation. Pour une nouvelle psychopédagogie des adultes. Revue française de pédagogie, 1 (190), 29-40. Récupéré de https://www.cairn.info/revue-francaise-de-pedagogie-2015-1-page-29.htm

Résumé

L’article de Carré (2015), De l’apprentissage à la formation. Pour une nouvelle psychopédagogie des adultes, cherche à mettre à l’avant-plan l’acte d’apprendre en contexte de formation des adultes. Le chercheur pose l’hypothèse d’une erreur pédagogique fondamentale qui réside dans l’amalgame souvent fait de l’acte d’enseigner et de l’acte d’apprendre. Or, comme le rappelle Carré (2015, p. 30) :

[l]e terme d’apprentissage décrit le processus psychologique, interne au sujet bien que toujours socialement situé, qui mène à la transformation durable de représentations, d’habiletés et d’attitudes, en milieu éducatif formel ou ailleurs. La notion de formation, quant à elle, décrit une intervention sur autrui, en milieu généralement formel, visant le développement des compétences; en ce sens elle ne recouvre qu’une intention de transformation d’autrui.

Ainsi, le chercheur questionne l’efficacité des formations, qui sont une tentative de transformer l’autre. On peut apprendre en formation, mais ce n’est pas automatique.

Aussi, la formation continue n’engendre pas nécessairement une augmentation de la performance. Pour ce faire, trois conditions sont essentielles :

  • la formation doit permettre des apprentissages;
  • l’apprentissage doit être contextualisé;
  • la performance de l’individu peut être tributaire d’autres éléments que le seul développement de ses compétences.

Carré avance que la formation des adultes peine à promouvoir les pratiques qui favorisent réellement les apprentissages : une pédagogie davantage axée sur la transmission est encore très présente.

L’article offre une synthèse de la notion d’apprentissage en formation des adultes en proposant un bref rappel de six familles théoriques : le behaviorisme, l’humanisme, le constructivisme, le socioconstructivisme, le traitement de l’information et le sociocognitivisme. Carré présente également un tour d’horizon de l’andragogie et des trois principaux courants qui y sont liés :  l’apprentissage autodirigé (self-derected learning), l’apprentissage transformateur (transformative learning) et la théorie critique (critical theory).

Certains principes de base sont dégagés du tour d’horizon :

  • « […] on apprend toujours seul, mais jamais sans les autres » (par. 41);
  • les connaissances antérieures jouent un rôle prépondérant dans les apprentissages;
  • les facteurs conatifs, c’est-à-dire les attitudes, la motivation et la volition, jouent un rôle dans les apprentissages;
  • l’autorégulation a un impact sur l’efficacité des apprentissages.

L’activité de l’apprenant est indissociable de l’optimisation des apprentissages. « L’agentivité du sujet est donc première dans les processus d’apprentissage, mais il s’agit d’une agentivité limitée par le tissu social, organisationnel et politique qui l’enserre. La formation peut contribuer à transformer cette contrainte en opportunité et jouer un rôle de facilitateur. » (Carré, 2015, par. 56).

Carré propose une pédagogie de la facilitation qui aura une triple mission : se centrer sur les activités d’apprentissage, accompagner le travail de l’apprenant et l’évaluer (formativement). Ainsi, il importe de favoriser la création de dispositifs pédagogiques réellement arrimés avec les dispositions de l’apprenant. Enfin, la facilitation de l’apprentissage adulte peut se déployer en milieu informel par des formes légères d’accompagnement, de parrainage, de coaching ou de conseil ou par des projets d’autoformation.

Notice biographique

Notice-bio_C.LeblancAprès plusieurs années d’enseignement, Céline Leblanc a entrepris une carrière de conseillère pédagogique en technologie éducative à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) où elle travaille depuis 2008. Dans le cadre de ses fonctions, elle s’intéresse particulièrement à la pédagogie en enseignement supérieur en présentiel. Entre autres, elle coordonne le programme de mentorat entre enseignants et les activités pédagogiques et technopédagogiques offertes à l’UQTR, elle collabore à la communauté de pratique en pédagogie universitaire ainsi qu’à la formation des nouveaux professeurs et des nouveaux chargés de cours de son établissement. Elle est membre du GRIIP depuis 2008 et elle participe aux Lectures choisies, au comité éditorial du Tableau, au comité des Webinaires du GRIIP et a contribué au développement des modules d’autoformation « Enseigner à l’université ». 

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