L’effet Pygmalion dans l’apprentissage à distance

Article

Niari, M., Manousou, E. et Lionarakis, A. (2016). The Pygmalion effect in distance learning : A case study at the Hellenic Open University. European Journal of Open, Distance and e-Learning, 19(1), 36-53. Récupéré de https://eric.ed.gov/?id=EJ1118299

Résumé 

« […] on ne trouve que ce que l’on cherche. Si l’on cherche les défaillances des étudiants, on va certainement les trouver et les conflits ne vont que perdurer.  Si l’on cherche leurs vertus, on va les trouver aussi. »

- Suplicz (2005) dans Niari et al. (2016) (traduction libre)

L’effet Pygmalion

En éducation, l’effet Pygmalion correspond au phénomène liant les croyances et attentes du formateur envers son apprenant (ainsi que le traitement qu’il lui réserve) à la performance ou accomplissement de ce dernier.

Les croyances du formateur peuvent porter sur différentes caractéristiques de l’apprenant : ses résultats potentiels, son talent, son ardeur au travail, son degré de sympathie, etc. Ces croyances peuvent être plus ou moins vraies et plus ou moins souples.

Le traitement que réserve le formateur à son ou ses apprenant(s) peut générer un climat d’apprentissage plus ou moins chaleureux, une qualité et quantité variables de rétroaction, une sollicitation plus ou moins grande de l’apprenant, une disponibilité variable, etc.

L’effet Pygmalion a été largement étudié. Le nombre d’études sur ce phénomène auprès des adultes en apprentissage est toutefois infime en comparaison de celles ayant été effectuée sur une population scolaire plus jeune, et encore plus infime dans un contexte à distance.

Maria Niari et ses collègues ont étudié ce phénomène sur un groupe d’adultes suivant une formation à distance à la Hellenic Open University. L’étude de cas a mené au constat que les attentes du formateur – observées dans les encouragements et le soutien qu’il pouvait prodiguer aux apprenants à distance – agissaient sur le processus d’apprentissage de ceux-ci.

Suite à ce constat, les auteurs de l’article suggèrent de tenir compte des aspects suivants dans une formation à distance :

  • Prodiguer des encouragements auprès des apprenants à des moments choisis et opportuns (tous les apprenants, qu’ils soient enfants ou adultes, ont besoin d’encouragement et de soutien)
  • Clarifier les buts et exigences du programme et du cours
  • Viser un temps de réponse le plus court possible aux messages des apprenants (ceux-ci peuvent devenir anxieux et frustrés)
  • Créer un espace d’échange ou de collaboration entre les apprenants
  • Avoir recours à des données objectives pour façonner les attentes face aux apprenants et ainsi, éviter les biais des stéréotypes
  • Opter pour un accompagnement laissant entrevoir des croyances et attentes positives élevées envers les apprenant afin d’engendrer une performance et un accomplissement élevé.

Méthodologie

  • Étude de cas
  • Observation de deux séances de prises de contact à distance avec les étudiants
  • Entrevues avec 6 personnes tutrices et 16 étudiants inscrits au Module de troisième cycle d’éducation à distance et ouverte.

Référence

Suplicz, S. (2005). Psychological Aspects of E-Learning. Présentation à la 6e rencontre de la VELVITT Conference, Heraklion, 9-12 octobre 2005.

Notice biographique

Sophie Beaupré est spécialiste en sciences de l’éducation à l’Université TÉLUQ. Elle cumule plus d’une quinzaine d’années d’expérience dans le milieu de l’éducation. En 2014, elle reçoit un certificat d’excellence de l’Université TÉLUQ pour ses résultats obtenus en technologie éducative. Elle est co-auteure du Guide de conception et d’utilisation du manuel numérique universitaire (PUQ, 2013). Elle a collaboré au développement de cours universitaires s’étant vu décerner un prix (Prix de la ministre pour « Stratégie d’entreprise », TÉLUQ, 2011) et une reconnaissance (mention de l’Infothèque de l’Agence universitaire de la Francophonie pour « Travail intellectuel en philosophie », UQAM, 2005). Elle participe aux Lectures choisies du site Pédagogie universitaire depuis 2015.