Rendre les étudiants actifs : c’est possible!

En tant qu'enseignant, on souhaite généralement que les étudiants tirent le meilleur parti possible de nos cours, mais il n'est pas toujours évident de savoir comment optimiser les heures passées en classe ou les travaux proposés. Olivier Mesly et Martine De Grandpré vous proposent quelques moyens pour rendre les étudiants actifs dans les cours afin de favoriser leur motivation et leur concentration.

Mise en situation

Sophie est professeure. Elle vient d’apprendre qu’elle aura à donner un cours à un groupe de 75 étudiants à la prochaine session. Comme elle a toujours enseigné à de petits groupes et qu’elle avait l’habitude de faire participer activement ses étudiants, elle croit qu’elle sera obligée d’abandonner cette façon de faire et de concevoir ses cours uniquement sous forme d’exposés magistraux.

Elle débute la session ainsi, mais au bout de trois cours, elle se rend compte que ses étudiants semblent peu motivés et qu’il y a peu d’interaction en classe. En discutant de l’enseignement à un grand groupe avec quelques collègues, elle découvre que certains principes de la pédagogie active peuvent être utilisés et que ce n’est pas parce que les étudiants sont nombreux qu’il faut se limiter à l’enseignement magistral.

Sophie retient quelques idées qu’elle souhaite mettre en place dès le prochain cours : la réactivation des connaissances à l’aide d’un mini-test et les travaux d’équipe avec rétroactions multiples. Elle choisit de s’attarder aux objectifs d’apprentissage visés dans son cours pour voir si les pratiques proposées permettraient à ses étudiants de mieux les atteindre. Elle constate rapidement qu’en modulant certaines parties de ses cours, elle permettra à ses étudiants de construire des connaissances plus solides et favorisera leur réussite.

Pourquoi?

CINQ RAISONS DE METTRE EN PLACE UNE PÉDAGOGIE ACTIVE À DES FINS D’AMÉLIORATION CONTINUE

  1. La pédagogie active permet de favoriser la concentration et la motivation.
  2. Les modalités utilisées dans le cadre de la pédagogie active permettent aux étudiants de créer des liens non seulement avec l’enseignant, mais également entre eux.
  3. Cette façon de penser les cours donne aux étudiants l’occasion de construire leurs connaissances en échangeant autour des concepts enseignés.
  4. La pédagogie active favorise l’implication des étudiants dans leurs apprentissages.
  5. Elle permet aux étudiants d’acquérir des connaissances facilement transférables dans leur contexte professionnel futur.

Quoi?

UNE DÉFINITION DE LA PÉDAGOGIE ACTIVE À DES FINS D’AMÉLIORATION CONTINUE

La pédagogie active est une approche où l’implication intellectuelle et sociale des étudiants participe au développement de leurs connaissances, de leurs compétences et de leurs attitudes (adapté de Legendre, 2005, p. 1015). La pédagogie active est renforcée lorsqu’un système d’amélioration continue est mis en place, lequel exige des rétroactions échelonnées dans le temps à propos d’un même travail, et ce, jusqu’à son aboutissement (Mesly, 2011). Cela permet également de réduire chez les étudiants l’impression d’être « noyés dans la masse », c’est-à-dire de passer inaperçus (Vanpee, Godin et Lebrun, 2008, p. 34).

Ce que nous dit la recherche

L’IMPLICATION INTELLECTUELLE ET SOCIALE DES ÉTUDIANTS AMÈNE LE DÉVELOPPEMENT DE LEURS CONNAISSANCES, DE LEURS COMPÉTENCES ET DE LEURS ATTITUDES

pédagogie active

Comment?

DES STRATÉGIES À METTRE EN PLACE

Plusieurs méthodes existent pour rendre les étudiants plus actifs, voici quelques exemples qui peuvent s’appliquer autant aux grands groupes qu’aux groupes de taille plus modeste :

Au début des cours

1. Créer des liens avec et entre les étudiants. Dès la première classe, demandez aux étudiants d’écrire leur prénom sur une enveloppe ou sur une feuille de papier et de placer celle-ci au bout de leur bureau. Vous pourrez ainsi les interpeller par leur prénom lorsque désiré. Cela permettra de réduire l’anonymat, voire de créer des liens, et de garder les étudiants centrés sur la tâche en les interpelant si nécessaire.

2. Activer les connaissances antérieures. Commencer le cours, par exemple, en faisant faire aux étudiants un mini-test formatif pendant lequel ils peuvent utiliser leurs notes de cours, consulter leurs voisins ou puiser sur Internet. La correction du mini-test se fait par la suite en plénière. Cela permet d’activer les connaissances des étudiants avant de poursuivre avec la présentation de nouveaux contenus.

Les activités d’apprentissage

3. Utiliser les exposés magistraux judicieusement. Les exposés magistraux doivent être bien structurés afin de permettre aux étudiants de prendre des notes et doivent être truffés d’exemples concrets et contemporains. Il est préférable de les limiter à 15-20 minutes et de les entrecouper de questions, d’une discussion, d’un débat, d’une activité, etc. À la fin de l’exposé, il peut être intéressant de donner quelques minutes aux étudiants pour qu’ils comparent leurs notes de cours et les complètent. Cela leur permettra en même temps de vérifier si l’exposé a été clair pour tous.

4. Miser sur les présentations orales. À la suite d’une discussion en équipe ou d’un travail portant sur un cas précis ou une lecture, chaque équipe désigne un représentant qui fera le compte rendu à tous les étudiants de la classe. Ce type de présentation force les étudiants à articuler leurs idées de façon succincte et à prendre des décisions. À la fin de la présentation, les étudiants sont invités à proposer des compléments dont tous pourraient bénéficier.

5. Engager des débats: Les étudiants sont amenés à prendre position (pour ou contre) lors de l’analyse d’un cas concret lié à la matière du cours. Cela les oblige à développer des arguments convaincants dans un esprit critique. Cette activité peut se faire en petit groupe d’abord, puis chacune des équipes présente ensuite ses arguments. On peut également donner la possibilité aux équipes de changer d’avis après la période d’argumentation.

Après le cours

6. Favoriser la révision. Il peut être profitable d’exiger des étudiants qu’ils fassent un résumé du cours sur une base hebdomadaire. Cela leur permettra d’assimiler la matière plus facilement et de l’organiser selon leurs besoins. En général, cet effort permet de diminuer le temps et les efforts consacrés à la préparation des examens (Vanpee, Godin and Lebrun, 2008). La lecture de ces résumés permet également de voir si le contenu du cours a été suffisamment présenté.

Finalement…

Adopter une pédagogie active axée sur l’amélioration continue permet aux étudiants d’être plus dynamiques et engagés dans leurs apprentissages. Cela peut également favoriser leur développement cognitif, social et émotionnel. Il est important de choisir des pratiques pertinentes selon les objectifs d’apprentissage visés ou les compétences à développer.

Références

Legendre, R. (2005). Dictionnaire actuel de l’éducation. Montréal : Guérin.

Mesly, O. (2011). Une façon différente de faire de la recherche en vente et marketing. Québec : Presses de l'Université du Québec.

Svinicki, M. et McKeachie, W. (2011). Teaching Tips. Strategies, Research, and Theory for College and University Teachers. Californie : Wadsworth Cengage Learning.

Vanpee, D., Godin, V. et Lebrun, M. (2008). Améliorer l’enseignement en grands groupes à la lumière de quelques principes de pédagogie active. Pédagogie médicale, 9(1),32-41.

Pour en savoir plus

D'autres questions à explorer

  • Comment peut-on animer une discussion en grand groupe?
  • Comment peut-on faire pour évaluer régulièrement les étudiants sans crouler sous la quantité de travail d’évaluation?
  • Quelles activités novatrices autres que celles présentées dans cet article peut-on mettre en place pour rendre les étudiants actifs?

Notices biographiques

Olivier Mesly est professeur au Département des sciences administratives de l'Université du Québec en Outaouais (UQO) depuis plus de trois ans. Son champ d’intérêt principal est la prédation financière.

​Martine De Grandpré est conseillère pédagogique et doctorante en éducation à l'Université du Québec en Outaouais (UQO). 

Mentions de responsabilité

Cette capsule est une production de la Direction du soutien aux études et des bibliothèques (DSEB) en collaboration avec le Groupe d’intervention et d’innovation pédagogique (GRIIP)

Comité éditorial : François Guillemette, Céline Leblanc, Marie-Michèle Lemieux, Caroline Lessard et Lucie Charbonneau

Coordination : Lucie Charbonneau

Rédaction : Olivier Mesly et Martine De Grandpré

Correction : Isabelle Brochu