Évaluation et rétroaction: comment en tirer profit?

À l'université, comme dans les autres niveaux d'enseignement, l'évaluation des apprentissages est souvent une source de stress pour les étudiants... et pour les enseignants. Comment s'assurer d'évaluer les étudiants de manière juste tout en préservant leur estime de soi? Sur quoi se baser pour faire un choix plutôt qu'un autre?

Mise en situation

Samuel étudie en première année au baccalauréat. Étudier ne lui a jamais demandé beaucoup d’effort, car il a de la facilité à apprendre.

Il vient de terminer ses examens de mi-session et, comme il a toujours eu de bons résultats à l’école, il s’attend à avoir de très bonnes notes. Toutefois, le résultat de son cours de science politique n’est pas à la hauteur de ses attentes et il est très déçu de voir qu’il a eu un B.

Afin de mieux comprendre, il passe au bureau de M. Girard, son professeur, pour récupérer sa copie. En consultant les corrections et en lisant les rétroactions, il se rend compte que sa note semble justifiée. Il a eu tous ses points pour avoir mentionné les divers éléments, mais à plusieurs endroits dans le texte, son professeur a indiqué qu’il manquait des liens entre ses idées.

Comme il lui reste quelques questions, il rend visite à M. Girard afin d’avoir des précisions. Ce dernier consulte la grille de correction qu’il a construite afin de mieux situer Samuel par rapport aux objectifs d’apprentissage. Il en profite pour lui donner quelques exemples de ce qu’il aurait pu ajouter pour mieux réussir son travail.

Samuel est toujours déçu de sa note, mais il est satisfait d’avoir pu identifier des moyens concrets pour corriger ses erreurs et pour continuer à développer ses compétences dans son cours, notamment grâce aux commentaires de son professeur. Il sent qu’il est outillé pour mieux se préparer pour les examens de fin de session.

Pourquoi?

CINQ RAISONS POUR APPRENDRE À UTILISER EFFICACEMENT LES ÉVALUATIONS ET LES RÉTROACTIONS

  1. Bien utilisées, les évaluations et les rétroactions favorisent les apprentissages de l’étudiant.
  2. Elles ont également un grand impact sur l’estime de soi des étudiants.
  3. Elles permettent de souligner les forces de l’étudiant dans ses apprentissages.
  4. Bien guidés, tous les étudiants peuvent arriver à vaincre leurs erreurs et à relever les défis de l’atteinte des objectifs.
  5. Lorsque l’enseignant de niveau universitaire identifie avec précision les forces et les défis de l’étudiant, il lui permet de voir le chemin à parcourir et les points sur lesquels il doit concentrer son énergie.

Quoi?

UNE DÉFINITION POSSIBLE DE L’ÉVALUATION ET DE LA RÉTROACTION

L’évaluation
  • sert à vérifier, entre autres, le niveau de compétence, d’acquisition de connaissances et de compréhension de l’étudiant face aux objectifs du cours;
  • peut prendre différentes formes (création de cartes conceptuelles, rédaction d’un texte, élaboration d’une grille d’analyse, élaboration d’un plan d’intervention, production un rapport, etc.);
  • doit être choisie en lien avec les objectifs d’apprentissage visés.
La rétroaction
  • peut être orale ou écrite;
  • est un complément de l’évaluation qui permet de préciser ce qui a été bien fait et ce qui doit être amélioré. Peut aussi être faite en dehors du contexte des évaluations;
  • constitue une forme de reconnaissance du travail de l’étudiant.

Ce que nous dit la recherche

Les rétroactions et les évaluations bien structurées préservent l’estime de soi et favorisent la persévérance des étudiants

évaluation

Comment?

DES MANIÈRES D’UTILISER LES ÉVALUATIONS ET LES RÉTROACTIONS SELON NANCY BRASSARD

Six critères pour concevoir des évaluations efficaces
  1. Lier les évaluations aux objectifs d’apprentissage du cours et aux activités d’enseignement-apprentissage afin qu’elles soient significatives pour les étudiants.
  2. Mettre les conditions en place pour permettre aux étudiants de bien se préparer et de bien réaliser les travaux. On peut par exemple annoncer le type de questions, proposer des lectures préparatoires, présenter les grilles d’évaluation et expliquer le mode de correction.
  3. Évaluer à différents moments dans la session. Les évaluations donnent la possibilité aux étudiants de faire des erreurs à divers moments de la session tout en étant accompagnés pour corriger leurs erreurs. Ainsi, ils peuvent se réajuster en vue de l’évaluation finale, mais surtout en vue de leur pratique professionnelle.
  4. Varier les types d’évaluation pour rejoindre le plus d’étudiants possible; Chaque étudiant apprend d’une manière différente. Varier les types d’évaluation permet de rejoindre plus d’étudiants tout en vérifiant les différents types de connaissances acquis. Les évaluations peuvent être plutôt théoriques (choix de réponses, définition de concept, lien entre certains auteurs) ou plutôt pratiques (étude de cas, résolution de problèmes complexes, etc.)
  5. Utiliser des questions et des consignes claires. La clarté des questions et des consignes améliore la compréhension des étudiants. Pourquoi ne pas demander à un collègue ce qu’il comprend de nos questions et consignes afin de nous assurer qu’elles soient claires et précises?
  6. Corriger le plus objectivement possible notamment en utilisant des critères de correction qui réfèrent à des éléments observables de la prestation de l’étudiant.

 

Les rétroactions écrites

Dans tous les textes produits par les étudiants, on retrouve normalement des points forts et des défis d’amélioration : les rétroactions doivent aborder ces deux aspects. La méthode communément appelée « sandwich » ou « hamburger » permet de faire ressortir ces deux aspects tout en préservant l’estime de soi de l’étudiant. Les commentaires doivent être précis pour indiquer clairement à l’étudiant ce qu’il doit reproduire et ce qu’il doit améliorer.

Élément positif débuter avec une force de l'étudiant
Défis donner des suggestions précises pour améliorer le travail
Élément positif terminer sur une note positive

De plus, les rétroactions doivent cibler l’apprentissage plutôt que la personne elle-même et référer aux consignes, aux compétences à développer ou aux objectifs à atteindre lors de la rédaction des commentaires. Voici quelques exemples de formulation :

  • POINTS FORTS
    • L’élément numéro 3 est très bien développé. Les idées qui y sont liées sont claires et on comprend facilement le point énoncé.
    • Cette réflexion est tout à fait juste et résume bien les propos de l’auteur.
    • La structure du texte est efficace et le passage d’un paragraphe à l’autre est fait de manière à favoriser la compréhension des idées énoncées.
  • SUGGESTIONS
    • Reformuler l’idée exprimée dans le paragraphe 8 pour plus de clarté. De plus, élaborer davantage cette idée.
    • Redécouper les paragraphes et revoir le système de sous-titres pour que les paragraphes correspondent aux différentes idées à développer.
    • Ajouter les éléments X et Y dans la définition de tel concept.
    • Faire une bonne révision linguistique.

 

Finalement…

Il faut insister sur les forces du travail et donner des exemples très précis sur les points positifs. La perception de sa compétence est le levier le plus fort de l’amélioration. Sur les défis d’amélioration, il faut donner des suggestions concrètes et réalisables.

Référence

Université du Québec à Trois-Rivières (n. d.). Enseigner à l’UQTR. En ligne.

Pour en savoir plus

D'autres questions à explorer

  • Comment utiliser l’évaluation pour favoriser la réussite?
  • Comment traduire les remarques négatives en rétroactions positives et en suggestions concrètes d’amélioration?
  • Comment planifier un ajustement des critères d’évaluation lorsqu’on s’aperçoit qu’ils ne correspondent pas aux objectifs réalisables?
  • Comment s’assurer d’être le plus objectif possible dans les corrections?

Notice biographique

Nancy Brassard, Docteure en administration des affaires (DBA), professeure à l'ENAP et présidente du Groupe d'intervention et d'innovation pédagogique (GRIIP),  enseigne depuis près de 10 ans dans le réseau de l'Université du Québec et nous propose quelques pistes pour répondre à ces questions.

Mentions de responsabilité

Cette capsule est une production de la Direction des bibliothèques et du soutien à l’enseignement et à l’apprentissage (DBSEA) en collaboration avec le Groupe d’intervention et d’innovation pédagogique (GRIIP)

Comité éditorial : François Guillemette, Céline Leblanc, Line Cormier et Lucie Charbonneau

Coordination : Lucie Charbonneau

Rédaction : Nancy Brassard et Lucie Charbonneau

Graphisme : Direction des communications

Correction : Isabelle Brochu, Dominique Légaré et Dominique Papin

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